La parentalité, la covid et moi
Ou l’art de la navigation en pleine tempête…
Article rédigé par Aliénor De Boccard, Psychologue FSP depuis 2012, spécialisée dans les problématiques d’épuisement, professionnel ou parental.
Un an déjà que nous naviguons en pleine tempête covid. Il y a eu de plus ou moins grosses vagues, de plus ou moins contraignants empêchements, mais cela fait désormais un an que nos repères sont bouleversés.
Un an que beaucoup d’entre nous tentent de colmater les brèches de ce navire qui représente notre équilibre. Un navire parfois lentement construit, combinant difficilement toutes les facettes de notre identité : le moi parent, le moi conjoint, le moi sportif, le moi ami, etc.
Ce navire parfois stable et ronronnant, parfois rapide et performant, a déjà connu des contextes de tempête : une nouvelle parentalité, des changements de vie, une réorientation professionnelle, un accident, une rencontre amoureuse… Mais cette année, tous les navires ont dû affronter une même tempête, inconnue, soudaine, imprévue, qui dure plus que de raison… la tempête covid.
Alors nous, parents, comment tenir bon dans cette crise ? Comment naviguer en toute sécurité et garder notre navire à flot ?
Constater l’ampleur de la tempête
La crise sanitaire amène son lot de deuils
Pour pouvoir agir, il faut avoir les idées claires. Être conscient de ce qui a changé, ce que l’on a perdu, de tout ce qui a été bouleversé. Cela permet d’acter les deuils. Effectivement, je ne peux en ce moment compter sur mes parents pour garder les enfants, je dois pour le moment oublier la respiration que constituait la salle de sport dans ma vie, ou la parenthèse enchantée du restaurant avec mon/ma partenaire etc. Une fois ces pertes constatées, prenez le temps de faire un petit bilan, seul ou en couple sur votre vie parentale.
La crise sanitaire vient bouleverser nos équilibres
L’idée est de prendre une photographie de ce contexte 2021 pour savoir où est-ce qu’on en est dans notre vie parentale. Deux petites colonnes toutes simples suffiront. Une colonne « Ressources » : ce qui me nourrit ; et une colonne « Stress », ce qui me coûte, dans ma vie de papa, dans ma vie de maman.
Qu’est ce qui, en tant que maman, en tant que papa, vient constituer ma parentalité ? Ai-je un conjoint sur qui je peux compter ? Suis-je de nature pessimiste ? Ai-je l’impression que mes enfants me sollicitent beaucoup ? Mon/ma partenaire et moi sommes-nous d’accord sur les principales valeurs éducatives ? Est-ce que je me sens « validé » dans mon rôle de parent ?
La liste peut être longue et est propre à chaque personne (et non à chaque couple !), elle a deux objectifs :
- Cela permet d’avoir une vision lucide de notre vécu actuel de la parentalité.
- Cela donne l’occasion, dans un deuxième temps, d’ajuster certaines variables pour éviter de tomber dans un déséquilibre durable.
L’épuisement- ou burn-out parental- est en nette augmentation en ces temps bouleversés. La recette est simple : trop de stress dans sa vie de parent, sur une trop grande période, et pas assez de ressources pour compenser.
Alors, une fois cette photographie réalisée, demandons-nous : Comment tenir bon en tant que parent dans ce contexte spécialement déséquilibrant ? Comment faire pour ne pas chavirer ?
Naviguer en pleine tempête
Voici quelques pistes pour vous permettre de réajuster l’équilibre de votre vie parentale :
- Choisir ses combats : quelles sont mes priorités éducatives, familiales, personnelles ? Sur quoi vais-je focaliser mon énergie ? Que vais-je momentanément laisser de côté ? Qu’est ce qui, à mes yeux, est primordial ? Dites-vous que si vous avez sous les yeux une feuille de route avec des priorités bien définies, la manœuvre sera bien moins fatigante. Vous enlèverez ainsi toute une partie de charge cognitive très énergivore.
- Renoncer à naviguer seul : qui se trouve sur mon bateau ? Que puis-je déléguer ? Comment lever mes freins à la demande d’aide ? Comment puis-je élargir mes horizons et renforcer mon équipe ? Il est impossible, même pour un excellent capitaine, de naviguer en pleine tempête sans déléguer. Pensez-y !
- Faire équipe : veiller les uns sur les autres : Comment puis-je entretenir le support social entre amis, de la famille, ou des communautés comme celle des parents d’élèves par exemple ? La distanciation physique n’est pas la distanciation sociale. L’isolement n’apporte rien de bon, souvenez- vous en !
Enfin, je vous invite à initier des changements, à faire ces quelques réglages, petit à petit, chacun à sa manière, à son rythme, chacun selon sa propre vie, son quotidien. Tous les parents sont de nature imparfaits et fragiles mais beaucoup sont, malgré cette imperfection et cette fragilité, de très bons parents malgré tout. Rappelons-nous-en régulièrement en pleine tempête.
Tenez bon le cap, la barre et le vent ! Hissez-haut !
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